Histoire Générale de l’Église de la Nativité

La Basilique de la Nativité actuelle recouvre la toute première église basilicale construite sous la gestion de l’impératrice Hélène, mère de l’Empereur constantin, au IVème siècle. Elle fut ouverte et inaugurée en 339 : de forme octogonale, son côté Est permettait d’avoir une vue autour et au-dessus de la grotte dans laquelle Jésus serait venu au monde.

Celle-ci est donc maintenant recouverte par l’actuelle Église de la Nativité qui a été construite presque entièrement au milieu du VIème siècle par l’empereur Justinien (533). Comme c’est le cas pour tout établissement religieux en Israël, en fonction des empires en place, tel ou tel bâtiment sera détruit, rénové ou modifié. Par exemple, une synagogue deviendra une église puis une mosqué.

 

De nombreux changements au cours du temps

Si l’on s’intéresse d’abord à sa façade occidentale, n’importe qui peut se rendre compte des modifications qui ont été apportées en fonction de l’époque: au départ constituées de 3 entrées (VIIème siècle), la façade ne dispose plus aujourd’hui que d’une seule porte utilisable. En effet, seule la porte centrale et principale subsiste, les deux autres ayant été condamnées soit murées par un mur de soutient (XVIeme siècle), soit par le mur du monastère arménien quelques siècles plus tard.

Bien que la porte centrale ait subsisté, les Croisées décideront de la réduire pour permettre à un seul homme après l’autre à pouvoir entrer dans la Basilique. L’une des théories expliquant cela est que les Croisées, dans le souci de renforcer l’établissement et de se protéger des potentiels envahisseurs décident de réduire cette porte qui était immense. C’est finalement au début du XVIeme siècle qu’elle sera réduite presque à son maximum, et deviendra l’unique accès que l’on connaît à l’église de la Nativité.

Cette porte à le nom de “Porte de l’Humilité”. On peut aisément deviner pour quelle raison elle porte ce nom: du fait de sa hauteur réduite, le pèlerin se voit forcer à courber le dos pour accéder à l’intérieur de l’église. Elle constitue l’unique point d’entrée et sortie du bâtiment, ce qui peut constituer un véritable problème de sécurité si une évacuation dans l’urgence était nécessaire.

Au milieu de l’église, juste après le narthex (construit par l’empereur Justinien, il s’agit d’un élément architectural typique du début de l’ère du christianisme puis des constructions byzantines. Le narthex est une sorte de lobby ou d’entrée. Bien qu’il soit dans l’église, il n’a aucune signification religieuse) se trouve un élément essentiel, à savoir la Nef principale composée de 11 colonnes de calcaire rose de Bethléem ainsi que des colonnes de marbre blanc. Sur ces colonnes les pèlerins ont pris l’habitude au fil des siècles d’y laisser des “graffitis”. Sur l’une de ces colonnes on trouve 4 trous formant une croix. Cette “croix creusée” est le point d’ancrage d’une coutume chez les visiteurs : tout celui qui y place ses doigts et prie à la Vierge Marie verra son souhait exaucé.

La Nef principale ou encore “Sanctuaire Médiéval” est l’élément architectural qui a le plus souffert de la succession des différents empires. L’édifice originel a subit un premier incendie en 529 du fait de la révolte des Samaritains contre l’empire byzantin en Palestine.
Pour rappel, le nom Palestine est donné par l’Empereur romain Hadrien à la province romaine de Judée qui faisait parti du Royaume d’Israël avant le schisme entre les tribus juives (royaume d’Israël et royaume de Judée) et juste après la révolte de Bar Kohba après 135 pour humilier les juifs : le nom “palestine” vient du mot “Philistin” qui est le nom d’un peuple qui a fait des ravages sur les populations juives quelques siècles plus tôt. Le nom Palestine redeviendra Israël seulement en 1948 lors de la proclamation de la Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël.

Cette révolte des samaritains sera écrasée par l’empereur Justinien qui engagera ensuite (565) les rénovations de l’Église de la nativité. C’est à ce moment là qu’il décide d’agrandir l’édifice en faisant disparaître l’atrium. Presque 50 ans plus tard, lors de l’invasion Perse sous le règne de Khosro II, l’église de la nativité sera le seul site religieux chrétien qui ne sera pas détruit du tout. L’histoire raconte que son commandant en charge de prendre la région de Judée fut “ému” de voir les rois mages représentés avec les vêtements perses dans l’église et que ce serait pour cette raison qu’il aurait interdit la destruction du bâtiment. Plus factuellement, la réalité est que les musulmans de la ville ont réussi à obtenir de ce même commandant le droit de garder l’église en l’état car une partie externe leur aurait été attribuée pour y prier. Officieusement, il était question pour le clergé qui maintenait la basilique de payer des taxes aux musulmans finalement au pouvoir dans la ville, pour “sauver” leur église de la destruction et du blasphème.

Plus tard, l’arrivée des Croisées permet de redonner un souffle à l’édifice grâce à l’aide apportée par l’empereur byzantin pendant la période du Royaume franc de Jérusalem. D’ailleurs, par la suite les empereurs se sont vu remettre leur titre de Roi de Jérusalem et se sont fait couronner dans l’Église de la Nativité.

Après des vas-et-vient entre Croisées et musulmans, c’est finalement Saladin qui reprend la ville en 1187 jusqu’à l’arrivée des Mamelouks. Les sultans successifs géreront les problèmes internes à l’église, sans toutefois permettre des restaurations ni la protéger des pilleurs alentours. Ce sera seulement en 1842 que l’une des communautés chrétiennes (à savoir les grecs-orthodoxes) réussira à obtenir un firman autorisant ainsi des restaurations et une certaine autonomie. Cependant, du fait de la présence des trois communautés (grecs-orthodoxes, arméniens et catholiques) un statu quo a été appliqué pour normaliser les relations entre elles (voir plus haut).

Architecture de la Basilique de la Nativité

L’église de la Nativité est donc un ensemble de complexes sur plus de 12 000 m2, comprenant notamment la Basilique (élément principal du site), mais aussi des monastères grecs et arméniens, une église franciscaine (Eglise de Sainte- Catherine) et bien sur la Grotte de la Nativité.
De fait, lorsque l’on parle d’Église de la Nativité, on l’associe obligatoirement à la Grotte de la Nativité.

Comme dit précédemment, elle se trouve sous la basilique originelle (et donc sous la basilique actuelle). On y accède par l’abside qui se trouve après la nef principale. Quand vous descendrez dans la grotte, vous pourrez constater que se trouvent sur ses parois qui sont naturelles, des décorations qui datent de l’époque de Constantin mais aussi de marbre, ajouté par les byzantins. Pour rappel, un byzantin n’est ni plus ni moins qu’un romain qui s’est converti au christianisme, l’Empereur Constantin étant le tout premier byzantin de l’Histoire.

Pour accéder véritablement à la Grotte, il vous faudra descendre des escaliers (construits au VIème siècle) qui vous conduiront à deux portes en bronze donnant sur la grotte même.

A l’époque byzantine, un autel avait été installé dans la grotte au creux d’une niche, indiquant l’endroit exact de la naissance de Jésus. On nomme cet autel “L’autel de la nativité”. Sous cet autel, vous trouverez une grande étoile en argent, composée de 14 branches pour plusieurs raisons symboliques évidentes :

  • Le chemin de croix est constitué de 14 stations
  • Les trois séries de 14 générations séparant Abraham de Jésus (C.f verset de Matthieu)

L’étoile est percée d’un trou en son centre, permettant au pèlerin de toucher et parfois embrasser la roche originelle sur laquelle Jésus est venu au monde. Le reste du sol de la grotte est entièrement recouvert de marbre.
Dans cette même grotte, on peut trouver deux autres autels: l’un “l’autel de la crèche” désignant l’endroit où Marie aurait installée Jésus tout nouveau né, l’autre “l’autel de l’adoration des trois mages”. Ces deux autels ne sont utilisés que par les catholiques la nuit de Noel.
Cette grotte de la nativité ou crypte de la nativité est reliée à un réseau de grottes qui ont été utilisées par les premiers chrétiens comme des tombes, afin d’être le plus proche possible de là où le Fils de dieu est né. Certaines de ces grottes ont été par la suite transformées en chapelles. On en dénombre 3: la chapelle Saint-Joseph, la chapelle des Innocents (qui rappelle le massacre des enfants juifs par Hérode (C.f “Histoire théologique”) et la Chapelle Saint-Jérôme (un des quatre Pères de l’Eglise latine).

La chapelle de Jérôme, qui est donc à l’origine une grotte, est l’endroit où il se serait installé pour traduire la Bible. Ce qui est intéressant le concernant, est la lettre (386) qu’il a écrit à Saint Paulin (poète et ecclésiaste) dans laquelle il fait mention qu’avant même la construction de la toute première église par l’empereur Constantin (339), la grotte qu’elle recouvre était le site d’un culte chrétien jusqu’à ce que l’empereur Hadrien (135) ne la transforme en un lieu de culte païen. Le site était apparemment entouré d’un bosquet dédié au dieu Adonis. Toutefois, les historiens penchent pour la théorie inverse, à savoir qu’il y eut d’abord un culte païen puis un culte chrétien, ce qui est chronologiquement plus logique : les romains qui étaient païens, finissent par se convertir au christianisme et deviennent byzantins.